Les origines de Villers

Les premières mentions du nom de Villers remontent à une charte datant de 942. Cette commune s'étend sur 994 hectares au sud-ouest de l'agglomération de Nancy, à l'écart des principaux axes de communication.

L'histoire de la ville est façonnée par sa situation géographique, son relief et sa géologie. Elle est située sur un plateau calcaire culminant à 379 mètres, parsemé de quelques gisements de minerai de fer. Le versant nord-est est entaillé par le lit de trois ruisseaux (Montet, Fontenat, Asnée) qui se jettent dans le Saurupt, drainant ainsi les eaux en contrebas (le ruisseau est aujourd'hui canalisé souterrainement).

Dans cet environnement propice, la forêt recouvrait autrefois le territoire, avec des hêtres en altitude et des chênes en bas. Les premiers défrichements se sont concentrés aux points où les sources d'eau émergeaient, notamment à Cinq-Fontaines pour l'exploitation du fer, ainsi qu'à Villers-village et Remicourt (mentionnée pour la première fois en 1127). Pendant longtemps, les habitants de Villers se sont consacrés à des activités agricoles telles que le jardinage, l'élevage et la culture de la vigne, en particulier à partir du XVIIe siècle. Quelques industries ont également exploité les richesses du sol, comme les fours à chaux, les tuileries (notamment à l'Asnée, de 1566 à 1831, et au Val avec la Tuilerie Saint-Sébastien construite au XVIIIe siècle) et plus récemment la briqueterie du Pont-de-Villers.

Des lieux occupés par des personnages célèbres

Les noms de Villers et Remicourt évoquent des domaines fonciers établis dès le Haut Moyen Âge, qui ont ensuite formé deux seigneuries distinctes avant d'être réunies au début du XVIIe siècle, époque à laquelle le seigneur de Villers était le duc de Lorraine.

Remicourt est une enclave relativement petite avec une maison forte à l'origine du château actuel. Certains seigneurs qui l'ont occupée sont célèbres, comme Jeannon l'Arbalétrier qui s'est distingué lors de la bataille de Nancy en 1477. Renée de Bourbon, épouse du duc de Lorraine, a également possédé Remicourt de 1533 à 1539, et plusieurs personnalités de la cour se sont installées à Villers à la suite de son exemple.

En 1345, une chapelle dédiée à Saint-Fiacre, patron des jardiniers, attire les pèlerins à Remicourt. Elle est devenue une église en 1601, mais a été détruite avant la Révolution et remplacée par une église construite au centre de Villers-village par François Rosselange, un pasteur actif et convaincu qui est mort sur l'échafaud en 1793. C'est également à Remicourt, au XVIIIe siècle, que le sieur Babin, syndic des libraires de Nancy, a construit sa maison qui est à l'origine du château actuel de Saint-Fiacre, aujourd'hui propriété de la Caisse d'Épargne.

Au XIIe siècle, le duc Mathieu 1er a installé des disciples de Saint-Bernard sur ses terres, leur accordant une partie du plateau de Haye. Les moines ont procédé au défrichement pour créer "Clairlieu" où ils ont construit un couvent avec une église qui était réputée comme l'une des plus belles de la région. L'abbaye a été détruite peu après la Révolution, mais des fouilles récentes ont mis au jour ses fondations.

"Brabois", défriché dès le Moyen Âge, était une exploitation agricole appartenant aux seigneurs de Remicourt. Vers 1615, les Baillivy y ont construit un pavillon qui est devenu un vaste château au XVIIIe siècle. Ce dernier a été démoli peu après la Révolution, ne laissant que le "château" actuel. Le parc environnant trouve son origine dans les bois du Breuleu et du Coucherreulx, vendus à la noblesse locale par les habitants endettés de Villers au XVIe siècle. Un témoin de ce passé est le colombier de Brabois, construit au début du XVIIIe siècle, qui a récemment été restauré après avoir échappé de justesse à la destruction.

L'évolution de la ville

Les Widranges, une ancienne chevalerie lorraine, ont établi une maison qui est devenue "franche" et qui est à l'origine de l'actuelle "école du château".

Au XVIe siècle, les pestiférés de Nancy étaient entassés dans les "loges" du clos de l'Asnée où ils mouraient de faim et de maladie jusqu'à la fin de 1599, lorsque la générosité d'Anne Feriet permit la construction de "l'enclos" de Maréville à Laxou. En face des Widranges, Dominique Constant, le maître-queux des filles de Charles III, obtint en 1595 une lettre d'affranchissement pour sa maison qui fut héritée par son fils, Raymond Constant, peintre des églises de Nancy. Vers 1712, la célèbre écrivaine Mme de Graffigny devint propriétaire de la maison, dont son époux fut à l'origine du château et du parc connus aujourd'hui sous le nom de "Madame de Graffigny" (anciennement GEC). Les deux cèdres du Liban qui s'y trouvent ont peut-être été plantés par l'agronome Mathieu de Dombasle.

Non loin de là, en face de l'église actuelle, Claude Déruet, peintre officiel de Louis XIII, s'installa à une époque où la peste et la guerre de Trente Ans se combinèrent pour décimer une grande partie des Villarois. C'est à l'Asnée qu'au XIXe siècle se dressa le château des Lefebvre de Montjoye, aujourd'hui caché par les bâtiments du Grand Séminaire.

Il est remarquable de constater que toutes ces grandes propriétés foncières ont survécu jusqu'à nos jours. Leur démantèlement actuel, soigneusement contrôlé, permet la préservation d'espaces verts et une urbanisation évitant les erreurs commises ailleurs dans les années 1960.

Pour conclure cette brève rétrospective de l'histoire de Villers, mentionnons deux événements : d'une part, le 12 juillet 1914, l'inauguration d'un aérodrome militaire sur le plateau, en présence du général Foch et d'Albert Lebrun, futur président de la République ; d'autre part, au cours du premier tiers du XXe siècle, les tentatives d'annexion d'une partie de Villers par Nancy, dont témoignent encore la présence au Placieux, terre villaroise, d'une école nancéienne et de l'église Sainte-Thérèse, qui est le centre de la 15e paroisse de Nancy.